Dans le cadre du programme Lycéens et apprentis au cinéma 2022-2023, les élèves de l’atelier Ciné-club ont rédigé une critique du film Raging Bull, diffusé au cinéma André Malraux de Gagny.

Sorti en 1981 dans les salles françaises, ce film du réalisateur américain, Martin Scorsese, nous amène dans les banlieues new-yorkaises des années 1940. De son ascension au rang de champion du monde à sa chute brutale, nous suivons la carrière du véritable boxeur, Jake La Motta, interprété par le célèbre Robert de Niro. Entre paranoïa, amour et masculinité, Raging Bull nous ouvre les portes du monde de la boxe, entremêlé à celui de la mafia.

A gauche, le véritable boxeur Jake la Motta. A droite, le personnage interprété par l’acteur Robert De Niro.

Au cours des nombreuses scènes de boxe, la violence monte crescendo tout au long du film : des coups filmés de loin jusqu’aux gros plans sur des arcades fracassées et en sang. Par exemple, lors du dernier combat, les coups portés sur le visage de Jake ne semblent pas très réalistes. Le sang gicle au lieu de couler et explose sur le public. Cette violence exagérée affecte son entourage mais aussi le public. La métaphore de la taille du ring est aussi très bien utilisée pour représenter sa paranoïa toujours grandissante et son rapport de force au cours du combat. Plus le ring et les cordes sont vastes, plus Jack se sent en pleine puissance. A l’inverse, quand les cordes et le ring sont plus serrés, il ressent de la difficulté. 

La paranoïa de Jake sur le ring montre aussi l’obsession pour son corps. Sa prise de poids décrit par exemple son état mental : plus il grossit, plus sa paranoïa s’intensifie. Le contrôle de son poids, et notamment la perte de poids, métaphorise la pression qu’il impose à son corps. En boxe, le critère du poids définit les catégories de combat. Y faire attention permet de contrôler sa carrière et de gagner ses affrontements. Jake incarne l’homme viril : l’obsession pour le sport, pour son corps, pour la violence mais aussi pour l’argent et la domination sur les femmes. Le film rend le personnage détestable. Le public ne s’attache pas émotionnellement au héros. Jake représente plutôt un antihéros et même un antagoniste, responsable de son propre malheur et de sa chute. A la fin du film, il finit gros, pathétique et n’a pas la vie qu’il rêvait d’avoir.

L’obsession de Jake a aussi des répercussions sur son entourage, comme son frère et son ex-première femme, victimes de son désir excessif de domination. Ils finissent tous par fuir pour retrouver leur liberté, comme Vicky, la seconde femme du boxeur. Lors de leur rencontre à la piscine, arrangée par son frère, Vicky est présentée comme désirée par tous les hommes mais inaccessible, y compris pour Jake. Lors de leur deuxième rencontre, un grillage sépare Vicky et le boxeur, comme pour matérialiser la barrière entre eux. On voit que la jeune femme de quinze ans se sent libre, se sent dans son élément à l’extérieur. Lorsqu’elle se met en couple avec Jake, elle devient prisonnière de son mariage, ne peut plus quitter le foyer à cause du boxeur parano et jaloux. L’extérieur lui est inaccessible. Vicky et le frère de Jake arrivent finalement à s’échapper de cet enfer. Mais ils disparaissent du récit qui se recentre alors sur le personnage principal qui finit seul avec sa paranoïa.

Ce film de 1980 décrit les dérives de la masculinité toxique et permet de comparer le changement de mentalité entre aujourd’hui et cette époque. Par exemple, la relation entre un adulte et une adolescente de quinze ans (jouée par une actrice adulte) est banalisée dans le film, alors qu’aujourd’hui la relation serait vue comme de la pédocriminalité. Ce film a des qualités indéniables comme la mise en scène et le jeux d’acteur. Cependant il ne plaira pas à tout le monde. Notre conseil : il faut aimer la boxe, le noir et blanc et s’attendre à une fin prévisible. 

Badiallo, Emma, God Bless, Kady, Mariam, Meryem